Inséparables, Sarah Crossan

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Auteur : Sarah Crossan / Éditions : Rageot / Nombre de pages : 406 / Prix : 14,90e

Sortie : 17 mai 2017

Genre : Contemporain, Jeunesse

Grace et Tippi. Tippi et Grace. Deux sœurs siamoises, deux ados inséparables, entrent au lycée pour la première fois. Comme toujours, elles se soutiennent face à l’intolérance, la peur, la pitié. Et, envers et contre tout, elles vivent ! Mais lorsque Grace tombe amoureuse, son monde vacille. Pourra-t-elle jamais avoir une vie qui n’appartienne qu’à elle ?

monavis

Tout d’abord, merci infiniment à Babelio et aux éditions Rageot pour l’envoi de ce magnifique roman jeunesse qui m’a énormément touchée. Inséparables traite d’un sujet si peu abordé et pourtant si intéressant. L’écriture, les personnages, tout dans cette histoire est incroyablement juste et bouleversant.

Grace et Tippi sont deux sœurs siamoises. Deux êtres bien différents mais qui partagent le même corps. Sujettes aux moqueries, à la curiosité mal placée et aux regards insistants, elles devront se soutenir car pour la première fois, elle vont aller au lycée. Nous suivons Grace et Tippi ainsi que leur famille : une mère qui a du mal à joindre les deux bouts, un père alcoolique et Dragon, leur sœur passionnée de danse. C’est avec appréhension que Grace et Tippi rentrent au lycée. Elles pensaient que ce serait un enfer, mais finalement, elles découvrent ce que c’est que d’aller en cours, d’avoir des amis, d’avoir une vie normale. Deux amis en particulier, Jon et Yasmeen, qui accepteront les deux sœurs sans jamais les juger. Mais quand des sentiments amoureux pour Jon commencent à naître dans le cœur de Grace, c’est là que se pose la question : peut-on vivre pleinement sa vie à deux dans un seul corps ?

 » Les gens nous trouvent grotesques, surtout de loin, quand ils nous voient comme un seul être, ces deux corps distincts qui se confondent, tout à coup à la taille. Mais si on nous prenait en photo, juste tête et épaules, à partir de ces portraits, la seule chose que les gens remarqueraient, ce serait qu’on est jumelles, l’une – moi – les cheveux mi-longs, l’autre – Tippi – un peu courts, le nez retroussé toutes les deux, sourcils exactement circonflexes. C’est vrai qu’on est différentes. Mais moches ? Allez. Me faites pas rigoler. »

Bien qu’elles soient sœurs siamoises, Grace et Tippi ont deux personnalités totalement différentes mais elles se complètent à la fois. Grace est plus réservée, plus timide, tandis que Tippi ose plus, est plus exubérante. Cet amour profond qu’elles ressentent l’une pour l’autre est tellement fort, tellement puissant que ça m’a bouleversée pendant ma lecture. L’une ne peut pas vivre sans l’autre et alors qu’on pourrait penser que leur situation les fait souffrir, au contraire, elles ne peuvent pas envisager que cela soit autrement.

« Ce serait horrible d’avoir un cancer. Ce serait horrible d’être attaché à une machine une fois par semaine qui me pomperait du poison dans les veines dans l’espoir de me sauver la vie. Notre oncle Calvin est mort d’une maladie du cœur à trente-neuf ans laissant derrière lui trois fils et une femme enceinte. La sœur de Grammie s’est noyée dans un tonneau de pêches pourries et d’eau stagnante quand elles vivaient à la ferme étant enfants.

Les actualités sont pleines d’histoires d’enfants battus et de famine et de génocide et de sécheresse et je ne me suis jamais dit, pas une seule fois, que je voudrais échanger ma vie avec les existences tragiques de ces gens-là. Parce que avoir une jumelle comme Tippi ce n’est pas. La pire. Chose. Au monde. »

Alors qu’elles vivaient tranquillement leur vie chez elles, elles vont devoir affronter le monde extérieur en faisant leur rentrée au lycée. Jon et Yasmeen, leurs deux nouveaux amis, feront découvrir tant de nouvelles choses à Grace et Tippi. J’ai adoré ces deux personnages : Jon le gentil, le romantique, grand lecteur et Yasmeen, une jeune fille pétillante avec ses cheveux colorés ! A leurs côtés les deux sœurs découvriront les joies d’être des adolescentes comme tout le monde et nous constatons bien leur évolution après cette rentrée scolaire.

Avec leur condition viennent aussi des choses moins joyeuses comme les rendez-vous chez le psychologue, chez des médecins. Grace et Tippi doivent supporter tout cela. En parallèle, leur situation familiale n’est pas au beau fixe non plus. Une mère plutôt discrète, un père alcoolique qui rend leur vie difficile… Malgré tout, elles se serrent les coudes et tentent de vivre normalement.

Nous avons uniquement le point de vue de Grace dans Inséparables et nous connaissons toutes ses pensées, tous ses questionnements. La découverte de l’amour chamboule complètement sa vie. Peut-on vivre un amour dans cette situation ? Comment pouvoir, un jour, avoir de l’intimité ? Serait-elle plus heureuse avec son propre corps ? Toutes ces questions à laquelle elle répond toujours qu’elle ne pourrait pas vivre sans Tippi à ses côtés. J’aurais également aimé avoir le point de vue de Tippi et connaître son avis profond sur la situation

La forme du récit est très originale et m’a troublée au début. Ce roman est écrit sous forme de vers et plus je tournais les pages plus j’appréciais. J’ai trouvé que cela rendait le tout tellement beau, tellement poétique. Pas de chichi, l’écriture va droit au but, droit au cœur. La traduction faite par Clémentine Beauvais est parfaite, forte et a su m’émouvoir. Je pense qu’il serait intéressant de découvrir ce roman en VO également.

Inséparables a été un petit coup de cœur pour moi. Je vous conseille cette lecture à 1000%. Le sujet est intéressant, touchant. L’amour est le maître mot de cette histoire et je suis sûre qu’elle saura vous toucher vous aussi.

manote

18/20


Merci 

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19 commentaires sur « Inséparables, Sarah Crossan »

  1. Je l’ai acheté en anglais pour découvrir un peu les vers libres dans la langue qui les aime tant, j’ai prévu de le lire bientôt. Et puis comme ça je pourrai comparer avec la trad de Clémentine Beauvais !
    Je suis ravie que les romans en vers libres commencent à se populariser dans le paysage éditorial ! Très jolie chronique 😀

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  2. Jolie chronique qui fait clairement ressentir le plaisir que tu as pu ressentir à la lecture. C’est un sujet effectivement rarement abordé et rien que pour ça le livre mérite qu’on parle de lui. Dommage cependant, comme tu le soulignes, que nous n’ayons le point de vue que d’une des deux soeurs… je trouve ça un peu paradoxal avec le message de leur impossibilité de se séparer que d’en « isoler » une pour la narration…

    Aimé par 1 personne

    1. Oui j’ai vraiment trouvé ça dommage et comme tu le dis bien, c’est étonnant au vu du sujet abordé ! Mais ça reste une excellente lecture !

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